

Un gros dossier
sur du gros son
Le temps passant, force est de constater que l’actualité scientifique liée à la Covid reste chargée. Le bruit est parfois assourdissant et il est bien difficile d’éteindre le son. Surtout en tant que médecin, car, que l’on soit généraliste, pédiatre, chirurgien ou psychiatre, nos patients nous interpellent au quotidien. À la Rédaction aussi, c’est une lutte quotidienne pour ne pas se laisser envahir par les sujets Covid, et garder le signal des sujets de notre exercice professionnel, certes bousculé par la pandémie.
Pour autant, l’anniversaire de cette pandémie étant bien passé, il nous a semblé que le temps était venu d’analyser et d’interroger les mécanismes de cette cacophonie avec laquelle nous partageons notre quotidien. La Rédaction – qui aurait bien besoin d’un avis ORL après ce temps d’écoute prolongé – vous souhaite autant de calme et de silence que possible pour la lecture de ce nouveau Gros Dossier.


Ce sont 8 membres d’une même famille qui témoignent pour What’s Up Doc,
de la métropole aux Antilles, dans une interview inédite de membres d’une lignée de médecins.
Chez certains, un petit doute (de rien du tout) s’est immisce avant de remplir les choix post-bac mais pour beaucoup, il n’a pas Comment s’est organisée la recherche sur la covid ? Quelles possibilites, quelles difficultes, quelles derives durant cette periode en matiere de methodologie, d’agrement, de communication ? Paroles et réflexions de chercheurs.
Dès mars 2020, Félix Ackermann, chef de service de médecine interne à l’hôpital Foch de Suresnes, administre, en protocole compassionnel à ses patients Covid dont l’état se dégrade, du tocilizumab, anti-inflammatoire puissant : « Il s’agit d’un médicament que l’on manie depuis des années, nous étions assez sereins sur son usage même en situation compliquée. Il fait partie de la culture de la médecine interne d’essayer d’identifier, parmi les médicaments à notre disposition, ceux qui pourraient fonctionner dans une situation rarissime. Pour des patients pour lesquels on n’a pas d’alternative, il nous a été assez simple, après quelques courtes séries, de nous lancer. Sans l’imposer au patient bien sûr, et en consultant la famille. Nous ne l’avons pas fait de façon isolée, nous avons écrit le premier protocole rapidement en une semaine avec des collègues de l’Institut Gustave Roussy. » Une première étude sur le sujet est publiée¹ par l’équipe, qui s’est également associée à deux recherches AP-HP menées en Île-de-France (Corimuno-Toci et Corimuno-TociDex)
Une organisation collective sans précédent
S’organiser et vite. Le conseil scientifique du Collège national des généralistes enseignants (CNGE) se réunit de façon hebdomadaire dès le début de la crise pour avoir une vision panoramique des projets de recherche existants en médecine générale. La première étape a été d’explorer l’aspect organisationnel, avant les essais contrôlés et thérapeutiques : « Nous avons ainsi profité d’un appel d’offre déjà remporté pour mener une enquête nationale sur l’organisation des soins du premier recours », illustre le Pr Olivier Saint-Lary. Le président du CNGE cite les nombreux projets montés : Soprac² en région Rhône-Alpes, porté par Laurent Letrilliart (évaluation de l’incidence régionale à partir de données standardisées dans les logiciels) ; les travaux de Benoît Tudrej et Hubert Maisonneuve³ sur les signes cliniques associés à la Covid dans sa phase précoce et en soins primaires, Coviquest⁴ du Pr Clarisse Dibao à Tours (impact d’une prise en charge active par le médecin traitant sur des patients qui présentaient des pathologies chroniques), ou encore le chronophage Seroprevco déposé à l’Agence Nationale de la Recherche, à vocation à déterminer la prévalence de la Covid à l’échelle départementale (en concurrence avec un projet similaire Inserm, il a été abandonné).
« Nous avons tenu à rester fidèles au cadre scientifique et privilégié les publications scientifiques académiques (BMJ ou Midwifery avec process de peer view) plutôt que le pré-print », ajoute Olivier Saint-Lary. Contacté à l’été par l’ANRS Reacting (aujourd’hui MI émergentes) pour mettre en place des groupes de chercheurs, il coordonne avec Xavier Anglaret, directeur de recherche Inserm à Bordeaux, un groupe ambulatoire : « Notre objectif était de rendre cohérents et synergiques des projets pour éviter la multiplication des petites recherches. Nous avons fusionné un certain nombre de projets au sein de Coverage France, plateforme nationale pour les essais médicamenteux en ambulatoire au design intéressant : un essai contrôlé randomisé, non en double aveugle, avec un bras contrôle en ouvert, les autres s’implémentant en fonction des données de la littérature. » Ont été ainsi testées des molécules sur une phase-pilote avant de passer en phase d’efficacité : le telmisartan, le ciclésonide, l’interféron bêta inhalé… Des appels à projets européens complexes prolongent Coverage : « C’est fastidieux mais on voit aussi de bonnes choses : l’assurance maladie a envoyé un SMS à des patients éligibles à cet essai pour qu’ils se rapprochent de leur médecin traitant. »
Vertus de la crise, dérives…
Les acteurs reconnaissent les effets positifs de la crise : « La totalité des articles publiés sur Pubmed étaient en accès libre, beaucoup de barrières sont tombées, il n’était alors pas raisonnable de demander à payer un article pour accéder à l’information… cependant l’on revient depuis en arrière », constate Félix Ackermann. Le médecin note que « la pression de l’épidémie puis de la pandémie était telle qu’il semblait urgent à tous de donner des résultats précoces, positifs comme négatifs, pour essayer de communiquer au plus grand nombre des informations qui pourraient être bénéfiques aux patients. Cela a été facilité par des circuits très raccourcis, des prises de décision rapides, aucun frein institutionnel mais cela a aussi donné lieu à des travaux de recherche moins exigeants, notamment lors des premières données sorties (aspects cliniques, évaluation des thérapeutiques). Le volume de prépublications sur MedRxiv a ainsi augmenté de façon considérable avec des documents et papiers de valeur très inégale qui ne se sont pas tous traduits par des publications. » Dans Pandémie à Sars-Cov-2 : éthique et intégrité oubliées devant la précipitation pour publier⁵, le Pr Éric Caumes, chef du service des maladies infectieuses de la Pitié-Salpêtrière, a condamné la complaisance des revues scientifiques encourageant des auteurs « à se précipiter pour publier, par opportunisme, sous un effet de mode, des articles sans intérêt ni rigueur scientifique ». Dénonçant la dérive morale « peut-être un peu moins vraie en science fondamentale – publications de l’IHU de Marseille mises à part – mais évidente en clinique », il cite à cet égard une mésaventure personnelle éloquente :
« Toutes les données de mon service ont été pillées par des biologistes qui ont publié une étude comparative grippe versus Covid, en utilisant tous les signes cliniques et épidémiologiques que nous avions déposés dans une banque de données. Ils sont allés se servir… et ont manipulé une personne du service. Je m’en suis rendu compte en faisant la bibliographie. Les signataires, soi disant des virologues, sont en fait des biologistes, qui ne voient pas de malades… Sur les 9, 7 sont pharmaciens. Un seul auteur vient de mon service et aucune donnée virologique ne figure dans l’article. »
… et persistance
de lourdeurs
En juin 2020, le Pr Patrick Rossignol (CHRU de Nancy), remettait son rapport suite à la Mission Essais cliniques en contexte épidémique6 qui lui avait été confiée. S’il y souligne la mobilisation exceptionnelle de tous les acteurs de la recherche, des délais d’autorisation jamais observés, des financeurs au diapason, il pointe aussi l’effervescence sans précédent de la recherche et le défaut de coordination nationale « au sein du millefeuille administratif français ». Suite à ce rapport a été mis en place le CapNet (Comité ad-hoc de pilotage national des essais thérapeutiques), s’appuyant sur les évaluations réalisées par le Conseil scientifique de REACTing, pour délivrer un label de « Priorité nationale de la recherche ». À ce propos, tout en ayant multiplié les projets, la recherche ambulatoire a peiné à entrer dans les cases formatées pour sa grande sœur hospitalière : « Heureusement que nous avions structuré depuis 10 ans notre filière universitaire MG car nous n’aurions pas
pu coordonner la recherche et obtenir des données. Nous avions des interlocuteurs bienveillants, un invité permanent de l’ANSM dans notre groupe, mais composer avec un cadre réglementaire qui n’est pas pensé pour la recherche ambulatoire est un combat de tous les instants », reconnaît Olivier Saint-Lary.
« Les accélérations de processus ont été obtenues à condition que les différents chercheurs s’accordent pour suivre un même protocole (Discovery…) et finalement les résultats des Français n’ont jamais été au premier plan par rapport à l’international et déçoivent, estime pour sa part le Pr Dominique Salmon, infectiologue à l’Hôtel Dieu. Cela veut sans doute dire que les gens qui dirigent les processus de la recherche en France sont assez directifs et que l’ensemble manque de souplesse pour qu’un chercheur puisse développer rapidement son idée. Or dans cette crise, plus encore que d’habitude, nous sommes soumis à une compétition internationale majeure : comme les gens ont tous les mêmes idées dans le monde, il faut se dépêcher ! »
La Covid longue
Depuis juillet 2020, Dominique Salmon n’a eu de cesse d’alerter le ministère de la Santé, la HAS, le HCSP sur la question de la Covid longue. En juillet, elle dépose un projet de recherche avec Olivier Robineau de Tourcoing et François Goehringer de Nancy, pour l’exploration des patients chez qui le virus persiste, condition sine qua non pour avancer sur le traitement : réponses immunitaires insuffisantes ? Troubles psychosomatiques ? Le projet est retoqué plusieurs fois, se heurtant à des refus de financement, d’acceptation de ses protocoles, alors même que ceux-ci sont acceptés par le Comité d’éthique. « Certes nous n’avions pas de témoins comparatifs qui n’aient pas la Covid longue, reconnaît Dominique Salmon, mais nous aurions tout à fait pu commencer à explorer nos patients. » Comment expliquer ces réticences, ces résistances ? Par l’incrédulité, toujours persistante par ailleurs, à propos du syndrome : « Au départ, j’entendais au Ministère : tu es en train d’inventer encore une nouvelle maladie. C’est complètement psychologique, un stress post-traumatique, des symptômes développés et entretenus… Il faut remettre tes patients au sport et ça ira mieux. Je voyais des dizaines de patients dans cet état, mais c’était comme si ce que je faisais ne servait à rien. » Cette recherche n’est donc pas jugée prioritaire. « Exactement comme pour la maladie de Lyme, compare Dominique Salmon. Sous la pression des patients, il existe à présent des centres de Lyme chronique mais pas de financements. »
Voici donc les chercheurs contraints de renoncer à leur projet initial, Cocolate (Coordination sur la Covid tardive), soit une cohorte nationale de 1 000 patients, faute de financements suffisants. Peu à peu, le sujet est jugé plus sérieux, les chercheurs peuvent travailler avec la HAS pour émettre des recommandations de prise en charge. L’exploration a commencé récemment cahin-caha dans quelques centres : « À l’Hôtel Dieu, nous allons comparer une prise en charge classique et une autre avec apport psychologique, sportif, médiation cognitive… Nous avons revu notre copie et conçu des projets plus focalisés, sur une centaine de patients explorés à fond/ des témoins sans séquelles/des témoins sains pour comparer la génétique, l’immunologie, la persistance virale, le versant psy... D’autres pays ont déjà fait cette approche, nous arrivons évidemment en retard. »
Sources
1 Tociluzimab for Severe worsening Covid-19 Pneumonia: a Propensity score analysis, Journal of clinical immunology, novembre 2020.
2 https://www.soprac.fr/icap_website/2551/43978
5 Hervé Maisonneuve, Benoît PÆlaud et Éric Caumes, https://www.em-consulte.com/article/1406134/pandemie-a-sars-cov-2%C2%A0-ethique-et-integrite-oublie


Une crise sanitaire mondiale et les medias qui s’emballent. Comment les français ont juge les medias et les scientifiques pendant cette periode ? Peut-on parler d’une saturation ? Analyse.
Sur les écrans des chaînes d’info s’affichent les perfs et autres appareils de réanimation.
Le masque sur le nez, un soignant raconte sa fatigue et son combat contre la Covid-19. Depuis un an, les caméras des journaux télévisés documentent le quotidien des équipes de soignants dans les hôpitaux. Par son caractère exceptionnel et mondial, la Covid-19 a peu à peu chassé les autres sujets des chaînes d’info. Pendant le premier confinement, les sujets Covid-19 ont même occupé 80,5 % du temps d’antenne dans les JT télévisés. Aucun sujet de santé n’avait à ce point écrasé l’actualité depuis 25 ans, souligne l’INA. À titre d’exemple, La Croix a fait 110 « unes » sur l’épidémie en 2020. Un record pour ce journal depuis la Seconde Guerre mondiale.
Côté télé, sur l’année 2020, les sujets sur la Covid-19 ont représenté 51 % du temps d’antenne. Pour l’INA, cette omniprésence s’explique par le nombre de morts, « un facteur permettant d’expliquer le haut niveau de médiatisation de la pandémie », mais aussi par les différentes prises de parole des membres de l'exécutif. La personnalité qui a passé le plus de temps à l’antenne l’an passé, n’est d’ailleurs pas un expert mais un politique : Olivier Véran, ministre de la Santé. « Les pics semblent conditionnés par des annonces de l’exécutif qui entraînent des conséquences fortes sur la vie quotidienne de la population », souligne l’INA.
Seulement, cette omniprésence des sujets Covid-19 divise les Français. Selon le baromètre annuel de confiance des médias réalisé par le journal La Croix, 43 % des Français ont jugé que l’actualité autour du Covid était mal traitée ; contre 44 %
qui la jugent bien traitée. En revanche, 62 % des sondés estiment que la couverture médiatique n’a pas permis de réduire l’incertitude liée à la situation. De fait, la crise de la Covid-19 a fait s’envoler l’audience des médias traditionnels (télévision, radio, journaux…). La chaîne de TV France Info a gagné 600 000 auditeurs de plus en un an et BFMTV a vu ses chiffres augmenter de 1,1 point sur un an. En moyenne, BFMTV réunit 11,8 millions de Français par jour. De plus, les différentes allocutions du Président ont battu des records d’audience. Même si depuis plusieurs mois une érosion apparaît, le 13 avril 2020, Emmanuel Macron a battu tous les records avec 36,8 millions de Français devant leur télévision.
Paradoxalement, le traitement médiatique de cette crise n’a pas créé d’effet de saturation chez les Français. Il aurait même renforcé la confiance dans le métier de journaliste. 91 % des Français estiment dans l’absolu que ce dernier est utile, rapporte un sondage Viavoice pour les Assises du journalisme. Cela représente une hausse de 5 points sur un an. Enfin, 67 % des sondés estiment même que l’information diffusée durant cette crise les a aidés dans leur vie quotidienne.
En revanche, les Français ont estimé que les débats autour de la chloroquine, sur l’origine du virus et de l’épidémie ou encore sur les conséquences psychologiques de la pandémie ont souffert d’un déficit d’informations. En somme, les sujets sur lesquels les données scientifiques ont manqué ont laissé la place au doute et à ceux qui les alimentent. « La nouveauté de cette crise est que l’on s’est retrouvé face à un phénomène pour lequel il n’existait pas de vérité scientifique, pas d’étude
et donc pas de spécialistes au début de l’épidémie », souligne Estelle Cognacq, directrice de la rédaction de France Info. Même analyse pour Agnès Vernet, présidente de l’Association des journalistes scientifiques de la presse d’information (AJSPI). « Il y a eu des choix d’experts malheureux à qui on a donné beaucoup de place. Mais on a aussi vu émerger de belles initiatives, et cela a soulevé des débats très intéressants dans la communauté scientifique. »
À cette cacophonie des experts, s’est aussi ajoutée celle des membres du Gouvernement qui se sont contredits sur les plateaux de télévision. Sur l’utilité des masques par exemple, et plus récemment sur les chiffres de vaccination en France. De fait, les Français ont estimé que face à ces contradictions dans le débat public, les journalistes avaient plutôt bien informé, même s’il reste des marges de progression notamment sur la façon dont la parole des experts est présentée en plateau. « Cette crise sanitaire nous aura aussi permis de comprendre que tous les médecins, aussi compétents soient-ils ne sont pas de bons experts ni de bons pédagogues », conclut Agnès Vernet.


La parole des medecins n’a jamais ete aussi abondante dans les medias que durant la crise sanitaire.
Mais cette parole a-t-elle ete veritablement entendue ? Retour d’experience avec certains des pu les plus televises de l’epidemie.
On ne peut pas dire que le Pr Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Tenon (AP-HP), vétéran de la lutte contre le Sida et ancien journaliste notamment chez nos confrères de Libération, soit un perdreau de l’année. Surtout quand il s’agit des rapports entre la médecine et la presse. Et pourtant, le coronavirus a dépassé en intensité tout ce qu’il avait pu connaître auparavant dans son existence médiatique. « J’ai découvert quelque chose que je ne pouvais pas imaginer, confie-t-il. Nous sommes des PDA : des parts d’audience. » Et l’infectiologue de confier qu’il lui est arrivé, après certaines de ses interventions télévisées durant la crise, d’être rappelé par le journaliste qui l’avait interviewé… et qui voulait le féliciter d’avoir généré davantage d’audimat que la chaîne concurrente.
L’anecdote, en plus d’être savoureuse, a le mérite d’éclairer d’un jour particulièrement cru les règles qui ont gouverné les rapports entre médias et médecins par temps de Covid. Ressources rares, les experts de la santé se sont retrouvés courtisés par les télés et les radios, sans pour autant être toujours capables de dicter les règles du jeu. « Cela vient par avalanches successives, décrit le Pr Philippe Amouyel, chef du service de santé publique au CHU de Lille. Votre téléphone n’arrête pas de sonner, et cela dure… jusqu’à la prochaine avalanche. » Et parfois, ces avalanches entraînent des expériences assez désagréables. « Il y a eu certains débats où, à chaque fois que je disais quelque chose, je me faisais attaquer à la fois par le détracteur qu’on avait mis en face de moi et par le journaliste qui présentait l’émission, cela donne un résultat assez déséquilibré », regrette le Nordiste.
Très vite, les médecins pris dans l’avalanche ont toutefois appris à écrémer les sollicitations journalistiques. « Il y a des gens, je ne dirai pas lesquels, à qui je réponds que je suis occupé à autre chose », glisse Philippe Amouyel. Gilles Pialoux, lui aussi, opère un tri drastique. « Déjà, j’élimine maintenant tout ce qui est plateau à plusieurs, explique-t-il. La confrontation médicale est inaudible à la télévision, nous avons des groupes pour échanger entre nous. »
Le patron de l’infectio à Tenon dit par ailleurs « privilégier les émissions où l’on a le temps de s’exprimer ». Une ligne de conduite assez proche de celle du Pr Renaud Piarroux, chef du service de parasitologie-mycologie de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP). « Vous ne m’avez jamais vu sur CNews, signale-t-il. Il y a des gens qui aiment bien être sur des plateaux où l’on s’interrompt tout le temps, mais ce n’est pas mon cas : je ne suis pas une bête de foire. » Ce spécialiste des épidémies, et notamment du choléra, dit donc être extrêmement sélectif dans ses interventions télévisées ; il leur préfère d’ailleurs la presse écrite.
Splendeur et misère des réseaux sociaux
Mais les clashes sur les plateaux télévisés ne sont pas les seuls ennuis que récolte un médecin qui choisit de s’exposer médiatiquement. « Il faut voir les messages des trolls qu’on reçoit dès qu’on passe à la télé, s’étonne Renaud Piarroux. On se fait traiter de blaireau par des gens qui ne font pas l’effort de regarder d’où l’on parle, ça n’a rien d’agréable. » Son confrère de Tenon, Gilles Pialoux, dresse le même constat. « La violence que l’on trouve sur les réseaux sociaux m’a beaucoup marqué, avoue-t-il. Quand vous allez sur un média comme Brut, le déchaînement que l’on peut lire dans les commentaires sous les vidéos est tout simplement hallucinant. J’en ai parlé à des médecins journalistes qui ont plus l’habitude que moi, ils m’ont dit qu’il ne fallait pas regarder. »
Autre particularité des réseaux sociaux : ils constituent un vivier inépuisable où les journalistes viennent puiser des intervenants. « Je trouve assez impressionnant de constater que Twitter est à peu près le lieu de pêche unique pour les médias », s’étonne le Pr Yonathan Freund, urgentiste qui exerce, lui aussi, à la Pitié. Il en a d’ailleurs fait l’amère expérience durant l’été 2020. « J’avais alors une audience confidentielle sur Twitter, se souvient-il. Au détour d’une discussion sur le réseau, j’ai fait un fil expliquant pourquoi je pensais qu’il n’y aurait pas de deuxième vague. Je ne sais pas pourquoi, mais ce fil a eu un succès fou. » Les sollicitations médiatiques ont alors déferlé sur ce jeune PU-PH… qui a donc découvert la face (pas si) cachée des médias.
« J’ai vite réalisé qu’ils n’étaient pas dans la recherche de la vérité, et qu’ils invitaient un peu n’importe qui, ce qui n’était pas vraiment une surprise, explique-t-il. Je n’étais pas invité pour la pertinence de mes analyses, la suite l’a bien prouvé… J’étais invité parce que je disais ce que les gens avaient envie d’entendre. » Pendant plusieurs semaines, l’urgentiste devenu star des réseaux sociaux et des médias a écumé les plateaux, au risque d’être confondu avec la mouvance que l’on commençait alors à appeler « rassuriste ». « Je ne regrette pas ce que j’ai dit, même si j’ai pu être un peu trop virulent, et que j’ai mis trop de temps à revenir en arrière, analyse-t-il aujourd’hui. J’ai fait l’expérience de la manière dont on peut être aveuglé, juste parce qu’une théorie vous plaît. » Mais il y a plus triste : quand, revenu de ses erreurs, Yonathan Freund a voulu faire passer d’autres messages, il a réalisé que son aura médiatique toute neuve ne fonctionnait pas aussi bien.
Bien choisir ses combats
« Quand je dis une connerie, tous les micros se tendent, mais quand je dis un truc intelligent, personne n’écoute », soupire-t-il. Il regrette notamment de n’avoir pas reçu autant d’attention pour covaxinfo.fr, un petit site qu’il a monté afin de répondre aux questions des populations anxieuses par rapport à la vaccination, que pour ses discours sur l’absence de deuxième vague. « J’en ai parlé à quelques contacts, et on m’a répondu que c’était intéressant, mais que la chaîne s’en foutait, regrette-t-il. Il est dommage que les médias ne prennent pas la peine de mettre en lumière un outil pédagogique, qui regroupe les questions les plus fréquemment posées, qui tente de clarifier les interrogations légitimes du public… »
Il ne faut donc pas trop se faire d’illusions sur le pouvoir de la parole médiatique des médecins. Philippe Amouyel peut lui aussi en témoigner : début 2021, quand il essayait d’alerter sur la possibilité d’une troisième vague liée au variant anglais, ses mises en garde pourtant exactes ont été sans effet. « Cela a été repris dans les médias, mais c’était très mal perçu, se souvient-il. Je me suis fait troller comme pas possible, y compris par des membres du Gouvernement. » On a cependant parfois de bonnes surprises, reconnaît le Lillois. « Mi-juillet 2020, avec plusieurs confrères, nous avons signé dans Le Parisien une tribune demandant le port du masque obligatoire dans les lieux publics clos, se souvient-il. Et quelques jours plus tard, le Président annonçait précisément cela. Sur ce coup, j’ai vraiment été scié par la puissance des médias. »
Face à l’incertitude du sort réservé à la parole publique des médecins, Renaud Piarroux a adopté une approche très pragmatique. Celui-ci, qui avait modéré ses interventions lors de la première vague, a décidé de s’impliquer médiatiquement davantage « à l’automne, sur des points précis, parce qu’on voyait bien la deuxième vague prendre de l’ampleur alors que le Gouvernement tardait à agir ». Idem en janvier, quand le variant anglais se développait à bas bruit mais que les chiffres de contamination n’augmentaient pas encore. « J’y suis allé plus souvent, c’était une manière de toucher les décideurs, explique le PU-PH. Ça ne fait pas forcément changer les choses, mais quand on passe dans les médias, on peut franchir la porte des politiques. Si on n’y passe pas, ce n’est même pas la peine d’essayer. »
Témoigner… et soigner
Reste que pour certains, raconter leur vécu de la crise est une obligation d’ordre quasi déontologique. « Je pense que vivre une telle expérience sans en témoigner, c’est un peu la trahir, même si je conçois tout à fait que tout le monde n’est pas obligé de passer dans les médias », affirme Gilles Pialoux, assumant de paraphraser Elie Wiesel. Celui-ci reste conscient des biais des médias, et notamment de leur tendance à privilégier des PU parisiens, masculins et pas toujours dans leur prime jeunesse. Mais il préfère continuer à répondre aux sollicitations, même s’il dit en refuser 9 sur 10.
La restriction est de taille : pour un médecin médiatique, comme pour tout le monde, le temps n’est pas extensible. « Il faut arrêter avec ce fantasme très répandu qui veut faire croire que nous délaissons notre travail pour passer à la télé, s’insurge Gilles Pialoux. Il y en a qu’on voit tous les jours en plateau, mais de mon côté, je privilégie ce qu’on peut faire à distance, les interventions tôt le matin ou tard le soir… » Yonathan Freund ne dit pas autre chose. « En termes de temps passé, ce n’est rien, peut-être dix minutes toutes les semaines », affirme-t-il. Car ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que ces médecins qui, pendant la crise, ont porté la voix de la profession à la télévision, sont avant tout… des médecins.
De l'autre côté du micro
Entre rassurisme et promotion de l’hydroxychloroquine, certains médecins ont clairement dérapé pendant la crise sanitaire. Et s’il n’est pas question de les absoudre, il convient aussi de chercher à établir les responsabilités du côté de ceux qui leur ont tendu le micro. C’est ce qu’a tenté de faire l’association Acrimed (pour Action-critique-média), spécialisée dans l’analyse du discours médiatique, dans un article publié en ligne au cœur de l’été¹. Celui-ci rappelle « la nécessité d’un journalisme scientifique qui soit en mesure de remettre en contexte, voire de critiquer les déclarations des uns et des autres », et regrette que cette « démarche élémentaire » ait été « trop souvent négligée dans la couverture de la crise sanitaire », notamment « s’agissant de la médiatisation des études et travaux scientifiques ». Dans le viseur de l’association : l’écho donné à des études non encore soumises à la relecture par les pairs, ou encore à des travaux publiés dans des revues de qualité douteuse. Parmi les raisons invoquées pour expliquer ces dysfonctionnements, Acrimed cite le préjugé qui voudrait que le public se désintéresse des sujets compliqués, la discordance entre le temps médiatique et le temps scientifique, ou encore une certaine réticence à critiquer l’industrie pharmaceutique.
Source :
1 Patrick Michel, Frédéric Lemaire et Jean Pérès, Misère de l’information médicale en temps de crise, Acrimed, août 2020


L’un des signes qu’une crise s’est durablement installée est probablement le fait que, malgré son lot de révolutions, chaque matin reste un eternel recommencement. Des matins au gout etrange et quelque peu amer, pour qui commence sa journee par jeter un œil sur son mur d’actualites.
Ils ont défilé, les articles consacrés à des médecins stars… Et dans des revues de plus en plus prestigieuses au fil des semaines – Gala, Voici… –, dont les contenus n’ont rien à envier aux « Anges de la téléréalité ».
C’est ainsi que s’exposent les querelles intestines et les atermoiements d’un petit monde autour duquel se sont braqués les microscopes médiatiques. La prise de parole officielle ne répugne pas à s’y trouver mêlée à celle des polémistes les plus clivants, sur des chaînes où l’outrance est plus continue que l’info. Notre société est confrontée à une démocratisation des savoirs ainsi qu’à une diversification des sources d’information. Elle se retrouve soumise à une véritable mécanique addictive, dans laquelle l’excitabilité et la permanence de l’info maintiennent une population, logiquement en quête de savoir en ces temps incertains, sous perfusion. Toute prise de parole d’un corps de métier aux lourdes responsabilités – les fameux « sachants » – devrait être soumise encore plus.que d’ordinaire à une éontologie stricte.
Cette déontologie existe pourtant bien. Elle est, concernant notre responsabilité médiatique, claire et imparable. La parole d'un médecin qui s'adresse à une population, bien entendu lorsqu'il la prend dans le cadre de sa fonction, est soumise à la même exigence d'éthique et de transparence que n'importe quel autre de ses actes. À savoir, entre autres, des devoirs d'information de son patient comme du public, mais aussi celui de veiller à l'utilisation qui est faite de son nom, de sa qualité ou de ses dires. Même lorsqu'il parle au nom d'une entreprise, d'un syndicat ou d'un parti, il est extrêmement gênant qu'un médecin omette ou modifie des éléments d'information, dans le but de servir une vision qui lui reste propre et, encore plus, non médicale.
Chaque mot de l’article R. 4217-13 du Code de santé publique (article 13 du Code de déontologie médicale) devrait nous interpeller : Lorsque le médecin participe à une action d'information du public à caractère éducatif, scientifique ou sanitaire, quel qu'en soit le moyen de diffusion, il ne fait état que de données confirmées, fait preuve de prudence et a le souci des répercussions de ses propos auprès du public. Il ne vise pas à tirer profit de son intervention dans le cadre de son activité professionnelle, ni à en faire bénéficier des organismes au sein desquels il exerce ou auxquels il prête son concours, ni à promouvoir une cause qui ne soit pas d'intérêt général. Ce n’est pas seulement en raison du contexte actuel que notre prise de parole nécessite de la prudence : c’est parce que cela fait partie du cœur de notre profession.
Notre parole, vectrice de savoir et donc source de pouvoir, porte. Et, dès lors qu’elle s’exprime dans un espace médiatique, il ne s’agit plus uniquement d’un échange avec des journalistes ou entre confrères, mais avant tout de l’émission d’un propos en direction d’un récepteur invisible mais bien réel. Quand un confrère prend la parole, en des temps si cruciaux, il est essentiel qu’elle soit soupesée, réfléchie. Il est bien évidemment indispensable que nous soyons visibles dans de telles circonstances.
Mais cette visibilité ne sert à rien, voire est contreproductive, si elle est inaudible. Bien loin d’avoir apaisé le phénomène, l’installation de la crise sanitaire dans la durée semble l’avoir emballé. Il nous faudra sortir nous aussi de cet état d’urgence, de ce pic médiatique dans lequel beaucoup ont été happés. Réfléchir collectivement au sens profond de notre communication, et peut-être s’entendre sur sa forme. Clarté et mesure comme repères cardinaux dans ce moment déboussolé.


Lorsque la science medicale se retrouve sur le devant de la scene mediatique, dans un amoncellement d’informations, ou la credibilite n’est plus seulement accordee aux experts, quelle est la place des societes savantes ? Temoignages recueillis aupres de deux d’entre elles : la societe de pathologie infectieuse de langue française et la societe française d’anesthesie et de reanimation.
Une nouvelle époque où les sociétés savantes ne peuvent plus s’adresser uniquement aux « savants »
C’est un immense défi qui a ébranlé les sociétés savantes, bien éloigné de leurs missions initiales que sont le soutien à la recherche, l’enseignement et l’avancement de la spécialité par des experts de la discipline.
Initialement pourtant, les membres de la SPILF (Société de pathologie infectieuse de langue française) se sont mis au service des autorités nationales (DGS, HCSP) qui souhaitaient créer des groupes de travail afin de mettre en place les textes officiels organisant la nouvelle vie avec le virus. Il en a été de même du côté de la SFAR (Société française d’anesthésie et de réanimation), qui a été très stratégique dans sa communication scientifique auprès des soignants, avec la réalisation rapide de recommandations dans les réanimations et blocs opératoires. Pierre Tattevin, président de la SPILF : « Nous étions la porte d’entrée de ces demandes et apportions notre expertise. C’était notre rôle de société savante, à la fois simple et confortable, loin des médias. Nous ne sommes pas faits pour la communication, ni par notre formation, ni par le temps dont nous disposons. » La diffusion à large échelle n’était ainsi pas dans leur cahier des charges. D’ailleurs, « les textes de recommandations sont trop longs : seuls ceux qui les ont écrits les connaissent ! », en rigole Rémy Gauzit, conseiller aux recommandations de la SPILF.
Les fondamentaux de la science :
une chronologie et des doutes qui ne conviennent plus
à l’actualité
Une autre problématique soulevée par l’explosion de la pandémie : la discordance entre le temps nécessaire pour débattre et celui exigé pour produire. Selon Jean-Michel Constantin, secrétaire général de la SFAR : « Il a fallu en à peine un an avoir un discours consensuel alors qu’on avait multiplié par 2,5 les publications sur l’ARDS [NDLR : insuffisance respiratoire aiguë] en 2020 ! ». Pierre Albaladejo 2e vice-président de la SFAR, et Laurent Delaunay, 1er vice-président, d’ajouter : « Le doute c’est ce qui permet, dans les sciences comme la médecine, d’avancer. A fortiori dans ces situations où l’on n’a pas suffisamment de recul, de data. À l’opposé, ce sont des prises de position qui doivent passer auprès du grand public ».
Nous avons été éduqués dans le doute, bercés avec des intervalles de confiance. Cette notion d’incertitude a pourtant été catastrophique sur le plan exécutif. Marc Leone, secrétaire général adjoint de la SFAR : « On nous demandait de prendre des décisions à retentissement politique dans l’urgence du fait de notre expertise médicale. Je ne pense pas que ce soit dans nos compétences de médecin de dire s’il faut confiner ou non. Il y a cinquante autres variables que nous n’avons pas entre les mains ».
De fait, les directives demandées dans l’urgence variaient parfois deux fois dans la même semaine. Le meilleur exemple est celui des multiples retournements de stratégie autour du vaccin d’AstraZeneca. C’étaient pourtant plus des conduites à tenir qu’une véritable recommandation.
Les médias, une entité rebelle impossible à apprivoiser
Et tout cela, c’était encore sans compter l’appétence de la presse pour le disruptif… Le système médiatique de personnalisation à l’extrême provoque un lobbying de défense des intérêts personnels. Puis des patients s’automédiquent et refusent d’entrer dans les études cliniques. C’est à ce moment que fleurissent des messages d’alarme provenant de la communauté des médecins quémandant à la SPILF et à la SFAR de s’exprimer publiquement.
Karine Nouette-Gaulain, trésorière de la SFAR : « On avait pourtant élaboré en amont une sémantique avec des éléments de langage communs reflétant l’expression de notre société savante. Il n’y a pas eu d’électron libre intervenant au nom de la SFAR » Malheureusement, la réalité a rattrapé les plans théoriques initiaux… La presse invite les interlocuteurs qu’elle souhaite en privilégiant le « trash », ne demandant que peu de prises de parole officielles sur les multiples communiqués de presse envoyés par la SPILF à un listing de plusieurs centaines de journalistes. Pierre Tattevin : « On ne peut pas museler la communication et demander à nos infectiologues polémiques de ne pas dire de bêtises sur les plateaux télé, ceux-là mêmes étaient plébiscités car le public voulait entendre ce discours à ce moment-là. »
Marc Leone, rôdé aux plateaux télé, a retenu la leçon : « Les journalistes ne sortent jamais de leurs zones d’investigation, du fait de contraintes de temps et de fond. On ne manipule jamais un journaliste et il est vain d’essayer ne pas être manipulé ».
Des leçons à tirer pour le futur
Avec le recul, l’heure est aux conclusions quant aux erreurs passées et à la création d’idées futures. Hervé Bouaziz, président de la SFAR, regrette ainsi de n’avoir pas davantage « joué un rôle de filtre ». Il est prévu la création d’un groupe de travail avec deux projets : un regroupement des sociétés savantes optimisant la gestion de l’exposition aux médias et un rapprochement des syndicats et des CNP, pour un discours de la spécialité le plus harmonieux possible.
La SPILF, de son côté, a monté de toutes parts une cellule de communication avec recrutement d’un journaliste médical de vulgarisation scientifique, qui est l’oreille du grand public sur les grandes questions vis-à-vis de la Covid, et fait le point mensuellement sur ce qui nécessiterait une communication.
Cette cellule animée entre autres par Alexandre Bleibtreu, Trésorier adjoint de la SPILF et ancien coordonnateur du Réseau des jeunes infectiologues français, vise à rattraper le retard numérique de la SPILF grâce aux réseaux sociaux. Sur Twitter, la cellule communication de la SPILF fait suivre les dernières productions, publie des thread pour diffuser de l’information ou créer du débat. Sur Facebook, la SPILF par le biais de son journal scientifique Infectious Disease Now propose des Webinars mensuels aux sujets variés en partenariat avec l’éditeur. Avec un objectif ultime en tête : engager un Community Manager pour centraliser les contenus et les diffuser de façon homogène.
En voilà des propositions de postes, à vous qui cherchez à occuper votre temps libre entre deux vagues de Covid. Pour qu’à l’avenir, on puisse faire ressortir l’information pertinente du bruit de fond, en un message rationnel et fondé malgré
le brouhaha ambiant !
Silence !
N'avez vous jamais eu envie de crier ainsi pour couvrir cette cacophonie ? Pour faire taire les débats houleux à la télé comme au dîner de famille, sur la chloroquine ou les masques ou la vaccination ? Pour réclamer de se déconnecter de cette lourde réalité ? Pour calmer les battements d'un coeur emballé par le stress ou l'angoisse ?
Si seulement, parfois...
Car encore aujourd'hui, à peine la télévision ou la radio éteinte, les notifications d'actualités ou le fil de nos réseaux sociaux nous y ramènent toujours. Espérons que ce dossier contribuera non pas à rendre sourd, ni à offrir ce silence, mais à prendre du recul sur ce qui nous traverse et nous a traversé depuis plus d'un an, nous, médecins autant que citoyens.